samedi 27 juillet 2013

GuLangYu ce n'est pas XiaMen




Situé à moins de 500 mètres de l'île de XiaMen, on trouve un petit rocher émergeant de la mer, entouré de plages, parcouru de ruelles et parsemé d'anciennes résidences qui remontent au temps des concessions. C'est GuLang Yu, l'île de tous les plaisirs pour les jeunes Chinois. On vient y faire la fête dès le soir tombé et durant tout le week-end. Les jeunes mariés viennent se faire prendre en photo dans les décors légèrement anachroniques de la vieille Église catholique et des anciennes propriétés coloniales avec leurs bâtisses Art Déco, Rococo ou Néo-classique.

GuLangYu ce n'est pas XiaMen, on pourrait même penser que ce n'est pas en Chine tant cette île est étrange avec ses villas coloniales désuètes et son ambiance de boite de nuit où vient s'encanailler la jeunesse de la nouvelle classe moyenne de toute la région.

Sur l'embarcadère qui relie les deux îles, des dizaines de personnes se pressent, prêtes à bondir au signal d'ouverture des grilles qui les séparent du bateau. On y va entre copains et copines, faire la fête dans les bars et les venelles encombrées de restaurants de rue. Le service de navette assure des rotations toutes les dix minutes, depuis 06:00 du matin jusqu'à minuit pour les petites Cendrillons. La traversée ne dure pas plus de cinq minutes et pourtant c'est un autre monde. Sur GuLang Yu, pas de voiture, on se déplace à pied, seul l'office du tourisme dispose de navettes électriques pour transporter les clients des tour-opérateurs jusqu'à leurs hôtels ou pour un petit tour des sites remarquables.

L'île est une ancienne concession internationale préservée encore un peu de l'appétit insatiable des promoteurs immobiliers. Avec le boum du tourisme intérieur, on rénove les anciennes maisons, et les luxueuses propriétés retrouvent peu à peu tout leur lustre d’antan. Toutefois avec les touristes et les fêtards, les nouveaux aménagements du lieu et l'affectation d'anciennes maisons en bar un peu chics créent insensiblement le sentiment d'un décor de cinéma désuet qui masque mal la mutation de l'île en une sorte de Disneyland pour une jeunesse chinoise nouvellement argentée, pas encore complètement dorée.

Cabine des maitres nageur sur la plage à GuLang Yu
 
Ce lieu de fête le soir, et de promenade pour les amoureux le jour, correspond aux nouvelles exigences socio-économiques de la jeunesse de XiaMen. La ville en quelques années est devenue l'épicentre de la nouvelle classe moyenne en Chine, la même qui forme aujourd'hui une petite bourgeoisie dont les rejetons, sans honte, aspirent à l’hédonisme de la société de consommation. Et qu'importe que leur jouissance passe par l'exploitation de la classe ouvrière .

Bien loin d'une société sans classe, la Chine renoue avec les démons de l'ancien régime. Une petite classe très très riche fait miroiter le rêve de l'opulence à une classe moyenne qui se voit déjà en petite bourgeoisie triomphante. Une distance de plus en plus grande s'installe avec les classes ouvrières et paysannes, classe laborieuse seule véritable moteur de la richesse de l'Empire des fils du ciel.

A coté de la plage de sable, d'autre préfère glaner des coquillages

Sur les plages, on se prélasse sous un soleil drapé d'une mousseline de brume. On joue au ballon ou au cerf-volant, pendant que d'autres font un tour en canot à moteur. En face, à l'horizon, se profilent en ombres chinoises les squelettes inquiétants des grues du port de commerce, alors que passe l’incessant ballet des cargos entrant et sortant de la rade. Je ne peux m’empêcher de voir dans cette scène le théâtre copié d'une plage de Zeebrugge ou de Dunkerque. Sur la digue, on peut même prendre un rafraîchissement sur une terrasse qui permet de profiter du spectacle des baigneuses, des promeneuses ou des promeneurs, c'est selon. Il convient encore de signaler qu'il faut être bien téméraire pour vouloir se baigner dans ces eaux où croisent mille cargos...






Visitez aussi la gallerie avec toutes les photos de Gulang Yu : http://goo.gl/zcj4W9

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