mardi 16 avril 2013

XiaMen la bourgeoise

Lac YunDangNei
Il est 21 heures quand le train arrive en gare de XiaMen, il fait nuit depuis un moment déjà et tout est endormi dans les environs. La nouvelle gare destinée à l'accueil des trains à grande vitesse, en provenance de GuangZhou (Canton) ou ShangHai, trône à plus de 20 km du centre-ville. C'est que depuis la fulgurante croissance économique de la Chine, l'île et la ville de XiaMen ont connu une importante expansion.

Dehors, une interminable colonne de taxis attend les voyageurs fraîchement débarqués. Il faut compter 100 kwais pour qu'une voiture nous conduise jusqu'au centre-ville, sur l'île de XiaMen. Dans la nuit, sur les autoroutes urbaines désertes qui sillonnent la banlieue et traversent la baie, le taxi file maintenant à toute vitesse. Il dépasse par la droite, par la gauche, klaxonne pour dégager la route. C'est une longue course folle que le chauffeur a engagée avec lui-même. Mais plus on se rapproche du centre, plus la circulation se densifie. Sans ralentir, voitures avec chauffeur, taxis, camionnettes et même camions filent la roue dans la roue jusqu’à un feu rouge. Seul un autobus semble imperméable à cette frénésie de vitesse, lui poursuit sa route imperturbable, certain de son droit, obstacle mobile vite dépassé. Sans avoir perdu de temps, il faudra pourtant trois quarts d'heure pour que le taximan atteigne notre destination.
 À l'image de la Chine dans son ensemble, sur cette voie rapide, une seule philosophie s'impose à tous : « Si tu es trop lent, tu meurs. Si tu es dans le chemin, tu meurs. Ton seul espoir, c'est de te glisser dans le flot à tes risques et périls. »


Il y a quelques années encore la ville de XiaMen se confondait avec l'île du même nom. Mais avec le développement de l'industrialisation et du commerce maritime dans la zone Hong Kong, ShenZhen, ShangHai, la ville s'est largement étendue en direction de son port. Aujourd'hui, la ville se déploie largement sur le continent, absorbant dans son tissu urbain les installations portuaires de JiuLongJiang. Plusieurs nouveaux districts ont été inclus pour former un vaste ensemble administratif, le grand XiaMen. L'île originelle est reliée au continent par plusieurs ponts et tunnels, soit cinq liaisons terrestres. Un nouvel aéroport ouvrira prochainement ses portes sur une île voisine. Car, si XiaMen est la plus grande île de la région, avec une superficie d'un peu plus de 150 km², la baie est parsemée de multiples îlots, plus ou moins grands.
Les quartiers construits à tour de bras dans les nouveaux districts continentaux sont purement fonctionnels et en liaison directe avec les activités du port de commerce. Avec eux arrive le confort moderne sans charme de tous les quartiers de banlieue dans le monde, à la fois zone d'activité économique et quartier résidentiel.

Tout ça ne doit pas empêcher de taper le carton
 
De son côté, sur l'île de XiaMen, le tissu économique s'oriente vers le secteur tertiaire avec des bureaux, des banques, ainsi qu'une administration de services destinés aux entreprises. En parallèle, l'île propose toutes sortes de commerces pour le bonheur de la classe moyenne et des cadres qui travaillent dans ces bureaux, et ce secteur de services aux entreprises. Malgré une très forte densité urbaine, sur sa façade sud, un quart de l'île propose une vaste zone verte. Autour de cet unique relief, on trouve, préservées, quelques traces du vieux XiaMen. Il y a le temple de NanPuTuo, l'université et le vieux port de pêche.

Ancienne concession anglaise, il n'est pas rare au détour des rues de XiaMen de croiser de vieilles villas coloniales et de vieilles maisons construites dans le style Art déco. Souvent dans un état proche du délabrement, ces témoins du siècle dernier n'ont souvent survécu que dans les quartiers populaires. Mais depuis peu, certaines de ces dames respectables se voient offrir une nouvelle jeunesse pour le plus grand bonheur des touristes. Au sud et au Sud-Ouest, le front de mer et les quartiers adjacents sont en cours de gentrification. À côté d'immeubles de bureau de prestige, la ville tente d'offrir aux employés, aux cadres et aux chefs d'entreprise des loisirs et des commerces adaptés à leur nouveau train de vie. On trouve d'un coté le BaiLuYuan golf club, de l'autre le ZhongShan park avec ses pédalos et son petit zoo pour les enfants. Partout des restaurants plus ou moins chic, accueillent ces nouveaux Chinois, comme le Lucky Full City Seafood qui sert une cuisine chinoise, japonaise et coréenne et même quelques poissons.

Lac YunDangNei à côté du Lucky Full City Seafood
 
L'établissement, au chic très chinois, est emblématique des goûts de cette classe moyenne émergente. On entre dans un immeuble de bureau moderne par un vaste hall avec vue sur des aquariums où l'on choisit les poissons que l'on va déguster. Des hôtesses vêtues d'une jupe droite qui descend sous le genou et d'un tailleur bleu foncé vous attendent : elles vous accompagneront pour vos commandes durant toute la soirée. Un large escalier carrelé, dans les teintes gris-beige, conduit au premier étage dans une salle immense, mais guère haute de plus de trois mètres cinquante, dont le plafond à caissons rappel vaguement un style de palais européen. De par et d'autre de cette salle, deux ouvertures donnent sur les salons privés, les cuisines et les commodités. Au sol, on trouve un tapis bleu roi moucheté de dessins dorés qui délimite l'espace de la salle à manger. Trente grandes tables rondes, réparties confortablement dans la salle, peuvent accueillir chacune dix personnes. Assorties aux serviettes, de grandes nappes crème tissées dans un bon coton couvrent les tables. Sur les murs, sur trois côtés de la salle, trois écrans plats approximativement 2,5 m sur 1,5 m, passent les images d'un programme télévisé quelconque pour distraire les convives. Un comptoir circulaire au milieu de la pièce, où l'on trouve rangée la vaisselle, sert d'intermédiaire entre les tables et la cuisine.

À l'appel de notre hôtesse arrive une serveuse dans une blouse et une jupe beige avec un tablier de cuisine bordeaux foncé. On sert un apéritif pendant la consultation de la carte pléthorique. La serveuse et notre hôtesse attendent notre commande près d'un chariot en métal doré disposé à proximité et servant de desserte pour la table. Si le porte étendard des vins chinois, le « Great Wall », est hors de prix, ceux des plats sont plus raisonnables : ce soir nous sommes deux, nous en prendrons donc bien sept ou huit.

ZhongShan park - petite pause
Poure voir toutes les images de XiaMen : http://goo.gl/C7wlT



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