mercredi 3 avril 2013

HuangShan - La Descente de l’Autre Coté du Miroir

Sur la crête
Maintenant il faut penser à redescendre. Passé le pic du Lotus, plusieurs chemins s'offrent à nous selon le petit plan touristique du parc. On peut prendre soit un long itinéraire faisant une large boucle avant de reprendre un téléphérique vers la vallée, un chemin direct vers le téléphérique ou un autre pour descendre à pied. Avant ça, un petit chemin un peu l'écart permet de passer voir le « fairy bridge ».

Il s'agit d'un pont de pierre jeté entre deux aiguilles rocheuses. Pas une illustration du HuangShan ne fait l'impasse sur cette image, il ne faut pas manquer ça. Le chemin descend, bien sûr tout à l'heure il faudra remonter, mais c'est plutôt en pente douce. On suit une ligne de crête, des paysages spectaculaires et vertigineux s'offrent à nous. Un peu en avant, des jeunes font les clowns. On les dépasse, le bruit de leurs bavardages et de leurs rires s'estompe à mesure que l'on prend de l'avance. Il n'y a plus personne à proximité, la majesté et la tranquillité des lieux peuvent maintenant complètement s'exprimer. Il faut dire qu'avec l'explosion du tourisme chinois en Chine, il est de plus en plus difficile de pouvoir trouver un moment de calme, de sérénité dans ces lieux renommés.


Le chemin vers le Fairy Bridge

Insensiblement, le chemin avec ses escaliers devient plus difficile. Après un premier passage délicat, un gros rocher rond sans le moindre garde-corps, les escaliers se mettent à plonger vers des paliers toujours plus petits. Le « fairy bridge » semble se dérober à nous. La route n'est plus qu'une longue succession d'escaliers aux marches irrégulières, il faut se rendre à l'évidence : jamais on ne remontera par ce chemin. Heureusement, notre carte indique une possibilité de boucler vers un autre téléphérique qui pourrait nous ramener au sommet avant de prendre le chemin du retour.

Le Fairy Bridge
Enfin, au détour d'un énième escalier, entre deux à-pic, on voit une petite pièce de pierre taillée. Notre objectif est à portée, même s'il faut encore dix bonnes minutes de descente avant de pouvoir poser le pied sur ce fameux pont des fées.

D'ici, si l'on renonce à revenir sur ses pas et à remonter les escaliers, il ne reste plus qu'à poursuivre la descente. En réalité, il y a bien un autre chemin, mais celui-ci, en cours de réaménagement, est fermé par une grille de fer. Plus tard, on apprendra que c'était le chemin qui permettait de rejoindre le téléphérique. Mais pour le moment, on reprend la descente par un premier passage qui plonge entre deux énormes blocs de granite. Les escaliers se succèdent les uns aux autres dans une procession sans fin. Concentré sur chacune des marches où l’on pose ses pieds, la montagne nous parait désertique, à part l'escalier il n'y a que la nature. Au loin, on devine maintenant une petite construction, c'est peut-être un refuge. Un endroit où l'on pourra se reposer et faire le point sur notre situation. C'est très curieux, mais ce qui semble proche prend des heures à être atteint. De palier en palier, notre objectif parait toujours rester à la même distance, même le fond de la vallée ne semble pas se rapprocher. Il est évident que ce matin nous n'avions pas prévu de faire une excursion si longue et difficile. La gourde de thé est vide, il reste quelques fruits séchés, mais ça donne soif. Le paysage minéral dans lequel nous évoluons ne nous offre que peu de repos et peu de moyens de s'abreuver. En regardant d'où l'on vient, on ne voit qu'une paroi de pierre verticale. En regardant où l'on va, on ne voit aussi qu'une paroi verticale qui se perd loin au fond dans les premières végétations. Les restes d'une antique balustrade en pierre taillée qui ne monte pas au-dessus du genou sont le seul rempart contre les chutes.

Sur CCTV Channel Nine, le canal francophone de la télévision chinoise, il y a une émission sur les merveilles touristiques de Chine. On y apprend que sur beaucoup de montagnes il y avait des villages qui vécurent isolés du reste du monde durant des siècles. Pour leurs habitants le seul lien avec l'extérieur était un escalier taillé à même la roche que l'on nomme en anglais « fairy way », le chemin de fées. Ce nom romantique est une traduction approximative qui veut dire en réalité : chemin faiseur de fées. Ces voies taillées à même les falaises, empruntées par les habitants pour s'approvisionner dans les vallées, n'offraient aucune sécurité et les accidents mortels n'y étaient pas rares. Or,le « fairy bridge » est un lieu dit sur un de ces « fairy ways ».

Le chemin vers le Fairy Bridge


Les escaliers pour quitter le fairy bridge
Il faudra quatre heures pour finalement arriver dans au fond de la combe. Là au milieu du chemin, un policier, à peine surpris de vous voir, sort de sa poche un petit carnet de traduction chinois-anglais... Il explique que vous êtes descendu par une voie normalement fermée au public. On apprend aussi que l'on a traversé tout le massif pour se retrouver au Nord-Ouest de celui-ci. Enfin, si on ne traîne pas, au bout de la vallée dans six kilomètres, il y a moyen de prendre un taxi-bus pour rentrer vers TangKou. La vallée où nous sommes arrivés est en plein chantier. On rénove de vieilles maisons, on bâtit de nouveaux édifices et on construit une route piétonne praticable. C'est une future entrée pour les monts du HuangShan qui est encours d'aménagement afin d'absorber l'augmentation de la fréquentation touristique dans la région. Le chantier s'intègre parfaitement dans le décor grandiose de cette vallée encaissée, les nouvelles constructions respectent les styles traditionnels. Ces aménagements augurent d'un lieu dédié à un tourisme plus chic et peut-être aussi plus respectueux de l’environnement. Ce qui s'avère en phase avec l'évolution du niveau de consommation et d'éducation de la classe moyenne en plein développement. Nous sommes en quelque sorte passés de l'autre coté du miroir, on voit in situ les transformations en cours que l'homme impose à la nature et les conséquences de l'augmentation de la pression touristique.

Dans quelque temps, cette vallée sauvage offrira tout le luxe et le confort moderne de petits pavillons insérés dans cet écrin précieux. Non, ce n'est pas là de l'angélisme. Au vu des chantiers observés, on peut affirmer qu'ils sont réalisés avec un souci certain de s'intégrer de ce cadre naturel en le dénaturant le moins possible.

 

Pour voir la galerie avec toutes les photos du HuangShan : http://goo.gl/JTAst

Prochaine étape: XiDi, enfin fini avec cette montagne.







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