jeudi 28 mars 2013

HuangShan - La Promenade, une Rencontre Inattendue


Cette nuit nous dormirons au dessus des nuages. Les hôtels ne manquent pas, on réquisitionne un dortoir avec douche et wc. C'est pas le grand luxe, mais on ne va pas y rester longtemps.
Comme pour les nombreux touristes chinois présents, le but, en passant la nuit dans la montagne, c'est de capter le lever du soleil entre les pointes rocheuses.


Le temps de s'installer dans nos quartiers, le restaurant est fermé, mais : « si LaoWai avoir faim, nous ouvrir le restaurant ». On rallume les lumières, on rappelle le cuisinier, on s'excuse de ne pouvoir nous fournir toute la carte. Une large soupe et quelques DimSum plus tard, nous nous remettons de nos efforts de la journée et nous prenons des forces pour le lendemain. La nuit va être courte, à la réception on nous donne l'horaire pour le lever du soleil. Cinq heures moins le quart, dans le hall, emmitouflés dans d'énormes doudounes les Chinois se pressent. Déjà, les plus matinaux partent en petits groupes vers les spots les plus célèbres, là où l'on voit le mieux, où l'on peut faire les plus belles photos. Il faut donc anticiper un peu les choses. La veille, avant d'aller à l'hôtel, un petit tour d'inspection des chemins alentour a permis de repérer un belvédère légèrement à l'écart, avec la bonne orientation et une vue dégagée.

Dehors il fait encore nuit, la température a chuté drastiquement pour se rapprocher de zéro. À la lueur des lampes de poche on s'enfonce sur le chemin à travers les conifères, encore quelques marches, il ne faut par rater le carrefour. Sur le bout de rocher choisi pour attendre le lever du soleil deux couples sont déjà en place. Chacun sort son matériel photographique, trépied, télécommande. On règle son matériel pour capter cet instant que tous présent espèrent magique. Maintenant, il faut attendre potron-minet. Il n'y a pas de vent ce matin, mais l'atmosphère est humide et le froid reste mordant. Avec les premières lueurs de l'aube, on s'aperçoit que le temps est couvert. Nous ne sommes pas au-dessus de la brume, celle-ci au contraire nous entoure, nous enveloppe, masquant à notre regard les pics à proximité. L'instant tant espéré semble se dérober. Déjà, le plus jeune couple renonce à l'attente. Encore un moment, maintenant c'est certain l'heure est passée. Petit à petit chacun déserte son poste pour retourner au chaud, à l'hôtel où attend un petit déjeuner avec thé et café chaud. Mais bientôt, dernier entêté à s'obstiner, on voit une percée dans les nuages. Si à cinq heures moins dix le soleil s’est levé derrière les montagnes, il aura fallu une heure de plus pour que le disque solaire commence à se montrer par-dessus la crête, juste quand une trouée dans la brume passait par là. Ce ne sera pas la photo « parfaite », celle de la mer de nuages au lever du soleil, mais ce sera tout de même une bonne image du disque orangé et de la montagne en contre-jour.



Avec la satisfaction du devoir accompli c'est maintenant le retour à l'hôtel avec un copieux petit déjeuner à volonté, pendant que d'autres sont retournés dormir. Réchauffé et rassasié, on peut partir en exploration. Le long des chemins de multiples points de vues ont été aménagés pour accueillir les touristes et les photographes. En Chine on adore les photos.


La montagne est fragile et les autorités du parc en ont bien pris conscience : les visiteurs sont incités à jeter leurs déchets dans les nombreuses poubelles placées un peu partout sur les chemins. Un service spécial pour le ramassage des papiers gras parcourt les falaises, équipé de cordes et de baudriers pour aller chercher le moindre sachet plastique perdu à flanc des escarpements rocheux. C'est un spectacle surprenant que de voir ces hommes en uniforme gris et gilet jaune fluo, corde sur l'épaule, s’apprêter à passer par-dessus une balustrade. En rappel avec mousquetons et bloqueur, le voltigeur descend pour ramasser à l'aide d'une longue pince un vieux sachet de chips que personne n'avait remarqué au paravent.




Et puis, à l'heure du midi, au détour de la promenade on fait une rencontre inattendue et surprenante. Nous sommes à la limite Ouest de la zone de peuplement des singes macaques tibétains. Venu d'on ne sait où, un singe en silence passe devant nous. C'est un individu de 15 à 20 kg qui s'installe à la poubelle la plus proche et commence à la fouiller. Il sait qu'ici il y aura bien un peu de nourriture à chaparder pour améliorer l'ordinaire. La bestiole n'est pas seule, un second macaque rejoint le premier pour le lunch. Il n'est plus question de passer, ces animaux très territoriaux nous signifient clairement qu'ils n'apprécient pas qu'on les dérange durant leur heure de table. Du reste, celle-ci ne dure que quelques minutes et aussi vite et silencieusement qu'ils étaient apparus, ils s'évanouissent dans la végétation en contrebas, directement par la falaise à-pic. Nous sommes finalement cinq privilégiés à avoir eu le plaisir de cette rencontre, dont il ne reste plus maintenant que quelques photos.

Visiter le HuangShan est dans l'inconscient collectif, une pratique rituelle qui honore la Nature. Bien que les macaques montent chercher leur nourriture tous les midis, la rencontre fugace avec un de ces représentants de cette Nature reste un honneur pour tous ceux qui ont la chance d'y assister. Sur une montagne sacrée, c'est évidemment un signe qu'il faut accepter et reconnaître comme tel.



Pour voir la galerie avec toutes les photos du HuangShan : http://goo.gl/JTAst

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