vendredi 22 février 2013

HangZhou - Petite Pluie Fine et Tiède sur la Vieille Ville

Petit matin avant que la frénésie touristique n'emporte la vieille ville

Comme toutes les villes de Chine, HangZhou est en plein développement. Mais ce qui intéresse particulièrement le visiteur ce sont les abords du lac de l'Ouest et la vieille ville attenante. Pour bien profiter de cette ville, il faut se lever tôt pour se promener avant la furia touristique.

Arrivé à la gare par le train à grande vitesse reliant la ville à Shanghai, le voyage prend un peu moins d'une heure pour faire quelque 160 km et c'est déjà une autre Chine. C'est la cohue dans le large passage souterrain qui nous conduit jusqu'au hall d'arrivée. Un dernier contrôle des billets et c'est la libération. Chacun se précipite vers les sorties et les escalators pour gagner l'air libre. Il n'y a plus de panneaux en anglais et même le PinJin se fait plus rare. On suit le flot vers la sortie pour déboucher sous une future bretelle d'autoroute encore en chantier. L'air est moite. On n'a pas encore d'hôtel. On a déjà fait des arrivées en ville plus glorieuses que ça.

Là une consigne, on y trouvera un plan, approximatif, de la ville. On pourra aussi y laisser le sac à dos : allégé, la recherche d'un hôtel sera plus facile. Sur le plan, l'hôtel pointé n'est pas bien loin, mais la carte sans échelle est trompeuse. Une pluie fine et tiède s'invite pour la promenade. Arrivé à l'entrée du vieux quartier, on s'aperçoit que toutes les ruelles ne sont pas représentées. Or, l'hôtel est dans une petite ruelle. Heureusement, un agent goguenard de la police populaire, devant notre air bête de touriste qui ne comprend rien au chinois, finit par nous escorter jusqu'au gîte espéré. Bonheur à la réception, une jeune femme charmante nous annonce qu'il y a de la place, cette nuit : dodo dans une chambre propre avec airco et douche.



Relevé des horaires du bus



Buste sculpté en dix minutes
Déjà l'après-midi s'étire, le ciel se dégage, dans les rues et les ruelles de la zone touristique les chalands, essentiellement chinois, se serrent et se pressent en tout sens. Pour un Bruxellois, le quartier est aussi “sympathique” que la Petite Rue des Bouchers. On vend de tout : thé, soie, herbes médicinales, souvenirs en plastique. Mon préféré, sans conteste, reste le bouddha tournant à l’énergie solaire, à égalité avec le Mao tournant. Dans les petites échoppes, on y peint votre portrait en cinq minutes, on taille votre sceau traditionnel en trente secondes. Les animateurs, vendeurs et bonimenteurs y vont chacun de leur laïus pour haranguer la foule, ça crie, ça pousse, ça se bouscule. On trouve les meilleures maisons de thé, d'antiques pharmacies où les apothicaires vous préparent des décoctions sur mesure et toutes sortes de marchandises et de gadgets souvenirs. L'authentique et l'original côtoient les babioles dernier cri. D'immondes gargotes attrape-nigauds attendent le touriste, chinois ou non, à côté de véritables perles de la gastronomie chinoise.


Entre deux pâtés de maisons, il y a un étroit passage bordé de part et d'autre de dizaines de comptoirs où une foule compacte vient goûter à toute la variété de la cuisine chinoise. Des dizaines de sortes de brochettes, des fritures et des grillades, toute la malbouffe à la chinoise concentrée dans une toute petite ruelle. J'ai faim. J'hésite, mais la curiosité est trop forte. Une brochette ne peut pas faire de mal. Ça va, même si ce ne sont pas les meilleures brochettes de mouton de Chine, ni même du reste du monde. Debout, il n'y a pas de bancs libres, au milieu de la rue, d'un geste expert et délicat, on maintient d'une main ses cinq fines brochettes alors que de l'autre on porte à la bouche la sixième dont on arrache un morceau de viande avec les dents, tout en essayant de ne pas s'en mettre partout. Un large bac à ordure est posé là. Il déborde des restes des festins de la journée, bout de bois, canettes, gobelets en carton, papiers gras. Il exalte un fumet particulier. Déciment, ce n'est pas très confortable pour un encas qui n'est pas très fin.
Il faut attendre que le soleil soit passé sous l'horizon pour que cette frénésie enfin se dissipe.


Le soir venu, les rues se sont vidées de leur foule indisciplinée et avide. Les boutiques ferment, bientôt il ne reste plus ouverts que les restaurants et les bars. On peut maintenant apercevoir pourquoi tant de gens se sont pressés toute la journée. Le quartier exhibe de superbes façades restaurées dans le respect des traditions. Même les pavés utilisés pour aménager le piétonnier ont été choisis et taillés avec soin pour respecter l'unité esthétique et l'historicité des vieilles pierres. Un fil d'eau aménagé en rivière artificielle court parallèle aux façades, comme au temps jadis quand celui-ci apportait l'eau devant les maisons de la ville.

Petit matin à l'entrée de la pharmacie traditionnelle

Rénovée il y a peu, la maison KuiYuanGuan (奎元馆) fondée en 1867 est un restaurant avec une grande salle au rez-de-chaussée et plusieurs salons privés à l'étage. À l'entrée, des hôtesses attendent pour placer les clients. Seul et sans réservation, elles proposent de partager une table, car l'établissement est comble. On précise que l'on ne souhaite pas déranger d'autres convives, mais on accepte, c'est peut-être aussi une occasion de faire une rencontre intéressante.
La grande table ronde accueille déjà six personnes bien qu'il y ait encore de la place sans y être serré. Il y a là une jeune fille chinoise avec ses parents et un couple d'occidentaux, peut-être des Américains, accompagné une jeune femme. Rapidement, il s'avère que celle-ci leur sert de guide et de traductrice. Elle interprète la carte. Ils choisissent une soupe pour eux deux et du thé. Autour de la table, nous buvons de la bière et nous mangeons avec appétit faisant du bruit en avalant nos nouilles pour bien marquer notre contentement pour les mets exquis qui nous sont servis. Les regards se croisent, souriants et heureux de partager notre délicieux repas. De leur côté, le couple d'Occidentaux qui doit avoir une quarantaine d'années n'est visiblement pas très à l'aise. Ils chipotent autour de leur bouillon. La jeune femme chinoise qui les accompagne, probablement une étudiante en Anglais, attend qu'ils finissent.


Depuis quelque temps nombre de touristes se payent les services d'étudiants pour les accompagner dans leur périple au cœur de l'Empire du Milieu. C'est une bonne manière pour améliorer la compréhension mutuelle et favoriser la rencontre des cultures. Mais parfois la rencontre tourne court, surtout lorsque l'étudiant est traité comme un coolie sous l'ancien régime par des Occidentaux coincés dans le souvenir de l'époque des concessions.
Les convenances interdisent d'intervenir, d'autant que la jeune femme risquerait de perdre ce providentiel emploi. De concert avec la petite famille chinoise, cela n'empêche toutefois pas d’exhiber nos mines les plus réprobatrices face à cette scène.
Leur bol de soupe à moitié fini, ils payent et s'en vont. Ils n'avaient probablement pas très faim. Mais que sont-ils donc venus faire ici ?





Le prochain billet sera une promenade autour du lac.

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