mercredi 30 janvier 2013

TongLi - Va et vient au musée du sexe

Musée du sexe à TongLi

Au bout d'une étroite ruelle, une petite foule assemblée et une discrète inscription sur un panneau, nous approchons du musée du sexe de TongLi.

“Haha, hihi, hoho”, en ce début de XXIe siècle, touristes blanc ou chinois, on continue de sourire, de rougir, de blaguer pour exprimer ses complexes et ses frustrations refoulées face au sexe et à la sexualité. Ce sexe exposé ne renvoie pas tant à son propre rapport à la chose, mais plutôt au désir et au sexe de l'autre et c'est ça qui nous met mal à l'aise.


Montrer le sexe, son histoire, ses pratiques, n'a rien à voir avec la pornographie. Cette dernière est un prêt à consommer de l'Internet, facile et détaché de l'humain qui se cache derrière sa verge ou sa vulve. Cette pornographie de chambre d'adolescent est essentiellement un plaisir solitaire. Alors, qu'une simple statue de pierre, figurant symboliquement un coït, regardée en public nous projette immédiatement l'image de nous-même n'osant pas y penser de peur que cela se voit. Au lieu de partager une communauté d'idées à ce moment, inconsciemment, on s'imagine que tous les spectateurs nous regardent, nous jugent. C'est la culpabilité distillée par les sectes monothéistes, déchet de la pensée humaine, chrétienne, juive ou musulmane. Négation de la liberté, religion de frustrés, les monothéismes vivent de la confusion entre sexe et pornographie.
Et les bouddhistes, s'ils ne nous vouent pas aux gémonies des sept cercles de l'enfer, ils déconseillent fortement de satisfaire ses désirs. Ils reconnaissent, toutefois, la nécessité de satisfaire ses besoins... Peut-être sont-ils un peu jésuites, les bouddhistes.

Curiosité du musée du sexe de TongLi

Regardons un peu autour de nous. Des musées consacrés au sexe, on en trouve pas à tous les coins de rue. Bien sûr, il y a Hambourg et Amsterdam qui ont des collections thématiques sur le sujet. On les trouve à côté de leur Rosa Strass ou Red light district respectif. Leurs collections mettent l'accent essentiellement sur les jouets sexuels ou sur les arts érotiques. Malgré la richesse de leurs collections et leur bonne volonté, ces musées entretiennent souvent aussi la confusion entre sexe, érotisme et pornographie.

Calice à usage intime
Malheureusement, la Chine n'est pas exempte de cette confusion. Une maladresse, une mauvaise interprétation, a conduit bon nombre de communistes à se méfier du sexe, de son commerce et de ses représentations. Malgré toutes les tentatives pour améliorer le sort des femmes, le poids de l'histoire est lourd. Le céleste empire n'a jamais beaucoup aimé les femmes. Plus qu'une société phallocratique, la Chine ancienne des campagnes et des villes à longtemps considéré la femme comme un bien marchand au même titre qu'un rouleau de soie ou une théière de porcelaine. Malgré les aléas de la longue histoire de Chine, de manière générale la femme n'a jamais eut de droits égaux à ceux de l'homme. La femme ancienne n'avait de valeur que dans sa capacité à produire des mâles. Il faudra attendre la révolution de 1948 pour que les communistes inscrivent dans le droit l'égalité entre les homme et les femmes.

Toutefois, les fils du ciel ont toujours eu une relation ambiguë avec l'autre moitié de l'humanité. Mao a beau affirmer qu'elle soutient la moitié du ciel, la Chine peine à leur accorder la moitié de la place qui leur revient. La sinistre coutume des « pieds bandés » à été abandonnée dans les faits, mais par forcément dans les têtes. les vielles pratiques entraînent encore régulièrement des drames. On se débarrasse facilement des nouveaux nés quand ce sont des filles. On avorte les fœtus féminins.
Aujourd'hui encore, le comité central du parti communiste chinois organise des campagnes pour la promotion de l'égalité entre les sexes. Mais la Chine reste toujours le seul pays au monde qui compte plus de garçons que de filles dans sa population.

Adonis de Chine ancienne

Il faut bien reconnaître que le PCC est encore très pudibond. Pour défendre les mœurs et protéger les femmes, les gouvernements chinois conservent une attitude très fermée sur les questions relatives au sexe. Les images à caractère pornographique et le commerce du sexe sont interdits, il n'y a officiellement pas de prostitution en Chine. Évidemment, c'est une illusion hypocrite. Que l'on appelle ça « salon de massage » ou que l'on ait directement affaire à des rabatteurs, les services à caractère sexuel ne manquent pas dans les grandes villes, comme dans le plus profond village du fin fond de la province la plus reculée.

Femme chevauchant pour une excursion, les femmes était
relativement plus Libre dans cette période. Ce qui était
légèrement différent depuis le milieu de la dynastie Song.
 7-9e siècle
La collection du musée du sexe de TongLi a été constituée à l'initiative d'un professeur de sociologie à l'Université de Shanghai, Liu DaLin, et de Hu HongXia, docteur en médecine traditionnelle chinoise. Dès son origine cette collection a eu une finalité pédagogique. D'abord tolérée dans le cadre de l’université de FuDan à ShangHai, le succès de la collection l'a contrainte à finalement déménager. Elle a donc, pour le moment, trouvé refuge dans un ancien pensionnat de jeunes filles à TongLi. Le cadre est charmant, avec un beau jardin qui permet de présenter quelques-unes des 1800 pièces rassemblées. On trouve des sculptures présentant de multiples aspects de la sexualité et des fantasmes sexuels dans l'histoire. Dans les pavillons, des expositions plus pédagogiques mettent l'accent, d'une part, sur les représentations du sexe dans l'histoire et dans le monde et d'autre part, sur l'histoire de la sexualité en Chine.

En sortant de la visite, il faut se rendre à l'évidence d'une rive à l'autre du Pacifique et d'un bout à l'autre de l'Eurasie nous sommes sensiblement les mêmes.







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