TongLi - La petite Venise des bords du YangZi

C'est très officiellement le plus beau village de Chine, petite Venise des bords du YangZi, village musée. TongLi hésite entre le destin d'un parc d'attractions touristique et celui d'un village posé sur la lagune cultivant un certain art de vivre.

Pour jouir de la quiétude du village, il faut arriver tôt. Le départ de SuZhou est donc programmé pour le petit matin. Nous déjeunerons en attendant le bus. Par chance, le matin aux abords des gares de nombreux ambulants viennent vendre qui ici des crêpes, qui là des fruits. Brochettes de viandes, pains, boissons chaudes... sur leurs charrettes à bras les marchandises invitent à l'exotisme, c'est la surprise assurée. Bref, du pain fraîchement sorti du four aménagé sur la charrette, un œuf, une bouteille de thé froid sucré pour les uns, un thé chaud pour les autres. C'est déjà l'heure de prendre le bus, 45 minutes sur une route remise à neuf depuis peu. Tous les aménagements ne sont d'ailleurs pas finis. La berme centrale n'a pas encore été installée. Le marquage en sol n'a pas encore été peint. Le bus roule à vive allure, tantôt à gauche, tantôt à droite. Un piéton traverse, le téméraire. Ce coup-ci j'ai regardé derrière le bus, le piéton était toujours là.

A l’arrivée, la station du bus a été terminée il y a moins d'un an. Les touristes sont pris en charge dès leur débarquement. Un large parking accueille les autocars des tour-opérateurs et quelques voitures. Un service de navettes en 'tuture électrique emmène le pigeon, heu pardon, le noble client-visiteur jusqu'au guichet pour s'acquitter de son droit d'entrée pour le village. 100 Kwais, pour les radins que nous sommes: grands dieux ça parait fort cher pour visiter un bête village bondé de touristes. Pourtant, ça fait à peine plus de 10 euros, c'est moins cher que le droit d'entrée au Mont-Saint-Michel. L'entrée donne droit à visiter tous les musées de la ville. Il y en a plus de dix, et seul le musée du sexe ne fait pas partie du forfait.

Tonlieu ou droit de pontage, la taxe d'entrée permet aux autorités de la ville de financer la restauration et l'entretien des maisons anciennes et des berges.
Son statut de plus beau village est enviable, mais TongLi reste un village médiéval et les travaux n'y sont pas du luxe si l'on veut encore s'y promener demain. Les rues déjà aménagées pour le tourisme ne désemplissent pas. Des boutiques chic viennent s'installer et remplacent les commerces locaux. On boit son café au premier étage chez « Illy », filiera dell'espresso italiano. C'est peut-être un peu dommage, mais l'eau courante, l'électricité et le tout-à-l'égout ont des attraits indéniables qu'il faut bien financer.

Même si le village est de plus en plus dédié au tourisme, il n'en reste pas moins un lieu de vie pour ses habitants et ils ont droit eux aussi de vouloir accéder au confort moderne. Heureusement, les touristes chinois sont envahissants, mais disciplinés. Dès que l'on s'écarte du circuit balisé, le village reprend tous ses droits. Les ruelles entremêlées recèlent mille petits trésors. Les gens s'y adonnent aux activités qu'ils ont toujours pratiquées. Le linge sèche suspendu entre deux maisons, pendant que l'on se prépare pour aller pêcher. La beauté du village se révèle dans les plus petits détails. Façades de bois, linteaux sculptés, arches de renfort de porte barrant une rue, tuiles vernissées, murs de briques cuites, rien ne manque au tableau. Même les sampans sont de sortie et pas seulement pour les touristes.

Il est certain que le village hésite encore entre deux ou trois destins différents.
Les touristes affluent en nombre. Ils apportent des devises et les commerces évoluent pour s'adapter à cette nouvelle demande.
Des quartiers résidentiels modernes naissent aux abords du village ancien. Si près de la ville, vivre à TongLi c'est très chic. De grands efforts ont été consentis par les promoteurs pour intégrer ces nouvelles constructions dans cet espace fragile.
Bon gré mal gré, ceux qui ont toujours vécu à TongLi s'adaptent, c'est le destin de tous les beaux villages de Chine.

Avec notre routard ou notre lonely, nous sommes de plus en plus nombreux à envahir ces lieux hier encore si paisible. En tant que touristes nous jouons un rôle très important dans les mutations actuelles et futures de tous ces « si charmants petits villages ».




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Prochain billet : le musée du sexe, un lieu étonnant qui devrait être classé au rang d’œuvre de salubrité publique.